Tatoueur depuis plus de dix ans, j’ai toujours eu à cœur de développer une réflexion autour de l’acte du tatouage et de baser mon approche sur le soin qui l’accompagne.
Profondément intime, une séance est un moment que l’on passe en un sens seul.e avec soi même, dans une relation particulière au corps, à la douleur et à ses pensées. A la fois rite de passage, moment cathartique et moment de soin, c’est aussi un temps de confidence ou pendant quelques instants, on vient se confier sur un bout de son histoire. 
Ainsi, ma clientèle s’est majoritairement constituée de personnes avec des troubles de santé, physique ou mentale.
Mon approche m’a permis également de travailler en grande partie avec un public majoritairement féminin et/ou faisant partie de la communauté LGBTQIAA+. Un public souvent discriminé ou oppressé dans les sphères d’intimité. C’est dans cette continuité que j’ai lancé en 2019 l’événement Trans.cendance lors duquel je tatoue gratuitement des personnes transgenres sur des projets de recouvrement de cicatrices ou dits de fierté. Pour poursuivre ce raisonnement, je me ferai former en 2025 à la dermopigmentation reconstructrice, afin de pouvoir réaliser des reconstructions d’aréoles en trompe l’œil. Pratique qui, si elle est déjà pratiquée auprès de personnes ayant survécu au cancer du sein, manque cruellement de professionnels formés sur les questions et l’accueil des personnes trans qui se retrouvent à nouveau laissés pour compte.

Le tatouage donc, est une pratique profondément humaine et sociable, qui permet de créer et/ou garder du lien. C’est une porte qui permet un premier pas vers le soin pour les personnes qui n’y sont pas bien accueilli.e.s et/ou qui ne s’en sentent pas légitimes. Mon installation à la Loco me permet d’avoir un espace dans lequel les accueillir et pour pouvoir maintenir l’existence d’événements de solidarité donc on ressent aujourd’hui de plus en plus le besoin. 

Santé / Bien-être